Toujours nous irons plus loin
Sans avancer jamais ( Apollinaire)
Du vertige à l'eau devenue glace par endroits
de la fièvre endrapée aux premiers pas sûrs dans la fraîcheur
du manque aux variations du manque
des éclaboussures de brume à la lumière filtrant
de la peau à la mémoire des peaux, du corps à la mémoire des corps
Toujours nous irons plus loin
Sans avancer jamais
De la terre aux adieux que l'on sait
du baiser au corps baisé
des friches qui égratignent aux bras qui bercent le soir
du songe qui accompagne les jours aux portes de la nuit
de la caresse au corps pétri de silence
Toujours nous irons plus loin
Sans avancer jamais
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De la caresse au corps pétri de silence
je passe mon tour
des empreintes aux cicatrices vénérées
je passe mon tour
de l'envie qui te passe à celle qui te prend
je passe mon tour
du bord de Seine au bord de mer
je passe mon tour
des passants de la nuit aux flics de l'impasse
je passe mon tour
de l'hôtel de passe au palace à thème
je passe mon tour
du love hôtel au Riad de Ouarzazate
je passe mon tour
du baiser au corps baisé
d'un pari stupide à un plongeon mortel
d'Accatone au Pont Sant' Angelo
de la peau à la mémoire des peaux, du corps à la mémoire des corps
plus tard je me souviendrais du manteau rouge évasé, des gens qui s'écoulaient boulevard Haussman ou rue Chaussée d'Antin, d'une parka verte couvrant la blanche maigreur
des frissons nus sur un matelas au sol, de la fièvre endrapée aux premiers pas sûrs dans la fraîcheur.
Plus tard je me souviendrais t'avoir perdu,
le sachant bien avant, n'empêchant rien
de la lourdeur des derniers moments,
des éclaboussures de brume à la lumière filtrant,
de la froideur de l' annonce,
des friches qui égratignent des bras qui ne berceront pas le soir.
Plus tard je me souviendrais qu'on tombe amoureux l'été mais aussi l' hiver
que le mois de juillet est un mois de deuil mais aussi de plaisir,
du manque aux variations du manque, je me souviendrais
du vertige à l'eau devenue glace, par endroits,
de Quai de Seine à Quai de Loire, d'un écran à l'autre,
des talons branlants sur le bois d'un pont
comme une vague qui enfle, se déroule dans l'obscurité totale
du songe qui accompagne les jours aux portes de la nuit,
du vertige à l'eau devenue nappe sombre
d'un corps ouvert aux bouches anonymes, des mots proférés pour rien
et qui tombent dans la nuit,
au delà du pont,
de la terre aux adieux que l'on sait.
SE